Personnages

L’étude qui suit parle des personnages d’un roman à venir. C’est un roman « dystopien » sans l’être tout à fait; un roman où se raisonne un projet de société qui envisage de supprimer les souffrances humaines par le truchement des biens.

Le roman, qui remonte à un temps immémorial, relate l’expérience singulière d’Hannah, une femme venue au Pays des Occs à la suite de la grande Dispersion. Elle y retrouve des Occs, sujets à un mal singulier, un mal qui les ronge sans même qu’ils se le figurèrent. Bercée par leur rythme de vie, elle finit par contracter elle aussi ce mal. Une douleur indicible entre alors dans sa tête. Elle se retrouve sans défense contre ses souvenirs, terrassée d’impuissance. Elle parvenait à tout, sauf à la confiance, mais elle ne met pas longtemps à s’apercevoir que cette vie n’était plus pour elle une existence.

Lisbeth Portelance

Lisbeth Portelance est une gamine du peuple, une bonne fille à l’abord facile et avenant, qu’Hannah prend à son service pour lui tenir compagnie à l’auberge et l’aider dans ses déboires. Hannah se prend instinctivement d’amitié pour elle.   Non pas seulement parce que la gamine la retrouve tous les matins avec le même plaisir qu’elle aurait à retrouver une amie. Aussi parce que la gamine révèle assez rapidement une sorte d’insoumission, une résistance, une force de caractère, une façon de répondre qui n’est pas sans déplaire à Hannah — même si, par moments, elle en subit les conséquences.

L’amitié que lui porte la gamine est propre à rendre à Hannah une confiance dans les hommes qu’elle n’a plus depuis longtemps. Mais Hannah a-t-elle vraiment raison de lui faire confiance ? L’avenir devait bientôt le lui apprendre.

La rôdeuse

La rôdeuse est une femme en apparence sans abri qui s’avachit avec fréquence devant la porte de la Tanière, comme pour ne pas rater l’arrivée d’Hannah. Hannah ne comprend pas pourquoi l’auberge a éveillé l’intérêt de la rôdeuse. Sa Tanière reçoit rarement plus que dix âmes. Certains jours, elle n’a même point d’affaires. La rôdeuse ne peut y mendier. Quel intérêt peut-elle bien trouver à se tenir devant l’auberge ?

Hannah va se prendre peu à peu d’amitié pour la rôdeuse. Elle ne sait pas si elle l’aime et la chérit, comme il lui semble parfois, ou si elle est ennuyée de sa présence.

Personnages de la Compagnie

Paul Passementeries

Paul Passementeries, propriétaire de L’Écho du Nord, est le magnat de la presse du Pays des Occs. On le retrouve parmi les hommes du monde des affaires et de la politique qui sont entrés à la Compagnie forts de leur position stratégique.

Ce n’est pas un actionnaire régulier. Sa présence dans les réunions du Conseil témoigne de la gravité des questions à l’ordre du jour. Dans les réunions du Conseil et les assemblées, il se plaît à taquiner Berger, car il s’amuse de le voir perdre sa maîtrise.

Jean Berger

Jean Berger est un jeune actionnaire, qui, contrairement à ces notables confrères, est entré dans le cercle restreint des actionnaires de la Compagnie, non pas à cause de son nom ou de ses relations, mais bien de sa maîtrise inégalée des techniques d’agrégation. Passementeries, qui ne reconnaît pas chez Berger un frère de caste, le taquine sans fin ni trêve, prenant plaisir à blesser sa vanité. Dans les réunions du Conseil, par exemple, il l’interroge dans des termes qui ne lui présument aucune intelligence, puis affecte de s’étonner de ses capacités. À la perspective de devenir l’objet de l’attention de Passementeries, Berger courbe la tête et réagit en animal paralysé. Mais l’est-il vraiment ? C’est ce que l’histoire va laisser savoir…

Christian Saint-Pierre

Christian Saint-Pierre est un gestionnaire de crise qui I se joint régulièrement aux réunions du Conseil. Les de Brut le chargent de capitaliser les troubles qui surviennent à la Compagnie en faveur de cette dernière.

Saint-Pierre est réputé pour être très efficace. Grâce à ses bons soins, tout ce que le Conseil prépare dans l’ombre peut sortir à la lumière et s’appliquer : remaniement du personnel, mises à pied massives, privatisation de services, rien n’est à son épreuve !

Il garantit aux de Brut que si l’adversité doit un jour les frapper, ils seront préparés pour la combattre. Aussi, le père de Brut lui confie le soin de voir à l’émeute de la Compagnie, n’osant pas imaginer ce que Saint-Pierre va trouver cette fois-ci.

Leroy De la Goupillière

Leroy de la Goupillière est peut-être le moins occupé des employés de la Compagnie. Il est aussi l’un des plus aimés : sa sympathie le place généralement dans les bonnes grâces de tout le monde et au centre de toutes les attentions.

Ses collègues sont facilement ramenés à partager ses convictions, car il a une façon inimitable de les entraîner dans des histoires désopilantes qui donnent à la conversation une tournure inhabituelle (bien qu’il y ait toujours un fond de critique dans chacune d’entre elles).

Leroy se retrouve souvent dans des situations cocasses, mais comme il a une adresse peu commune à se tirer d’affaire, rien ne porte jamais à conséquence pour lui. Le père de Brut lui recommande néanmoins de faire preuve de diligence dans ses rapports avec les justiciables.

Auguste Tatillon

Auguste Tatillon a pour mission de veiller à ce que l’ordre règne à la Compagnie et de rapporter tout incident à Grübstick, l’intendant en place. Il a plusieurs hommes à son service : Badaud, Dorien, Gustave… qu’il retrouve régulièrement rassemblés autour du petit Grégoire plutôt qu’occupés à travailler — ce qui l’ennuie profondément. Mais ce qui l’ennuie davantage, c’est de faire porter le blâme à l’intendant, comme le Conseil le porte à le faire. Dans la droiture de sa conscience, le brave homme est pris d’un scrupule d’honnête homme quand vient le temps de jouer des intérêts.

Dieudonné

C’est la coutume, aux Pays des Occs, que les exhortations en faveur de l’agrégation soient dites aux heures de grande affluence. Dieudonné est le prédicateur de la maison de Brut (c’est-à-dire, de la Compagnie). Par moments, il adresse aux passants des exhortations excellentes sur les joies du service et la dignité du labeur. Par moments, il les sermonne depuis la chaire à prêcher qui domine l’entrée de la maison.

Fresne

Fresne s’appelle, en fait, Charles de Fresne et il n’y a rien à dire à son sujet sinon que c’est le maître des comptes de la Compagnie, un poste important dans le conseil de la Compagnie. C’est un homme froid qui ramène toujours la conversation sur les sujets de ses intérêts, lesquels tournent invariablement sur les questions discutées à la séance du Conseil. Fresne, qui a le sens de la hiérarchie et les susceptibilités de rang, tente parfois d’engager la conversation avec Hannah, mais cette dernière ne tient pas à lui donner la réplique. Les questions qui intéressent Fresne sont plus de l’intérêt des jeunes gens que d’elle-même. Et puis, il écoute toujours les réponses que lui donne Hannah avec un fond d’étonnement sévère, comme si elle lui donnait de l’ennui.

Personnages politiques

Maurice Rouge-Gorge

À la suite du soulèvement du Jour de la colère, le Pouvoir décrète l’état d’urgence et édifie une force de frappe de trois cent mille hommes, qu’il appelle la Garde nationale, pour ramener l’ordre public et rassurer la haute finance, éprouvée par les événements. Maurice Rouge-Gorge en hérite la charge en tant que commandent en chef de la Cité, avec toute liberté de recourir à la force, s’il en voit le besoin.

Dans les jours qui suivent sa nomination, Rouge-Gorge s’engage dans la répression. Sous prétexte de rétablir l’ordre, il organise une série de descentes au cours desquelles quantité de jeunes gens sont arrêtés. Pour l’essentiel, on leur reproche les actes délictueux commis le Jour de la Colère.

Grâce aux efforts de Rouge-Gorge, l’ordre se rétablit dans la cité troublée, et les Occs retournent à leurs habitudes de toujours. Mais le soulèvement des insurgés est-il pour autant maté à la racine? C’est ce que l’histoire dira.